Liaisons sociales - 7 novembre 2022
Le taux d’emploi des travailleurs handicapés stable à 3,5 %
Le taux d’emploi direct des travailleurs handicapés est resté stable en 2021, à 3,5 % de l’effectif des entreprises concernées, soit encore loin du niveau minimal de 6 % requis par la loi, d’après une étude de la Dares publiée le 3 novembre. Cependant, les progrès à réaliser par les employeurs ne sont pas aussi importants qu’il y paraît au premier abord, précise-t-elle.
D’une part, l’objectif de 6 % de personnes handicapées dans chaque entreprise de plus de 20 salariés doit être adapté au cas par cas, avec une règle d’arrondi : ainsi une entreprise de 25 salariés devrait en théorie embaucher 1,5 travailleur handicapé, mais la loi prévoit d’arrondir ce chiffre à 1, ce qui dans les faits revoit l’exigence à la baisse. De ce fait, au niveau national, le taux réel attendu par la loi était de 5,6 % de travailleurs handicapés en 2021, selon les calculs de la Dares.
D’autre part, une réforme de 2020 a introduit une « survalorisation » des travailleurs handicapés de plus de 50 ans, afin de donner un coup de pouce aux demandeurs d’emploi les plus âgés. En prenant en compte cette disposition, on aboutit à un taux d’emploi « majoré » constaté de 4,5 %, au lieu des 5,6 % attendus, soit un objectif atteint à 80 % (contre 77 % en 2020), précise l’étude.
Sur l’ensemble des quelque 108 000 entreprises concernées, seules 29 % ont respecté pleinement leur obligation d’emploi. À l’inverse, 31 % n’employaient aucun travailleur handicapé l’an dernier. Globalement, plus l’entreprise est grande, plus elle s’approche – voire dépasse – le taux minimal.
Le taux de chômage des personnes handicapées, qui atteignait 19 % avant la crise du Covid, est de son côté revenu à 14 % en 2022, mais il reste près de deux fois supérieur à celui de la population globale (7,4 %).
L'inFO militante - 9 novembre 2022
Journée handicap : les retraites au coeur des débats
Retraite des travailleurs en situation de handicap, mais aussi inaptitude seront les principaux sujets de la prochaine journée Travail et Handicap organisée le 17 novembre par la confédération FO à Paris.
Très active sur la question de l’emploi des personnes en situation de handicap, FO compte désormais des référents handicap dans soixante-seize UD et seize fédérations et est représentée dans les instances du handicap (CDCA, CDAPH).
Actualité oblige, cette année, la journée Travail et Handicap qu’organise FO le 17 novembre au siège de la confédération sera l’occasion de les réunir, de les informer et d’échanger sur trois enjeux majeurs : la retraite des travailleurs en situation de handicap, l’inaptitude, ainsi que l’accompagnement vers l’emploi, alors que le rapprochement entre CAP emploi et Pôle emploi devrait être généralisé d’ici fin 2022.
Les débats démarreront avec le sujet brûlant de la réforme des retraites, auquel FO s’oppose : « Reculer l’âge à 64 ou 65 ans serait catastrophique, encore plus pour les travailleurs handicapés ou les salariés souffrant de maladies invalidantes. Beaucoup s’arrêtent de travailler avant l’âge légal de départ », souligne Anne Baltazar, conseillère confédérale FO chargée du handicap et organisatrice de l’événement.
Déjà en 2018, la Drees notait que les personnes considérées comme handicapées, déjà pénalisées par la réforme de 2010, liquidaient leur retraite à 62,4 ans en moyenne, soit 0,3 an de plus que celles sans incapacité. D’après cette étude, ces personnes handicapées passaient qui plus est 8,5 ans sans emploi ni retraite après 50 ans, contre 1,8 an pour les salariés « classiques ».
Cette journée sera donc l’occasion de rappeler les revendications de FO pour que la situation de ce public fragilisé progresse. Parmi celles-ci, l’amélioration de la retraite anticipée pour handicap, en réintroduisant le critère RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) et en diminuant la durée de cotisation exigée. FO souhaite une majoration des droits à la retraite, sur la base de chaque année travaillée en situation de handicap, ainsi qu’une retraite progressive anticipée dès 55 ans pour cette population. « Aujourd’hui, il faut avoir travaillé trente ans avec un handicap reconnu pour pouvoir partir cinq ans plus tôt. Ces critères drastiques sont impossibles à atteindre », s’indigne Anne Baltazar.
L’envol inquiétant de l’inaptitude La hausse des cas d’inaptitude sera l’autre thème central de cette journée. Des spécialistes, dont un médecin du travail, viendront éclairer ce phénomène aussi opaque que préoccupant : « Le nombre de cas de salariés déclarés inaptes explose. On aurait atteint 180000 cas en 2019 selon certaines sources », s’inquiète Anne Baltazar. FO s’alarme de cette flambée des inaptitudes conduisant trop souvent au licenciement. « Nous voulons mieux comprendre concrètement ce phénomène et étudier comment l’éviter. » Dans leur évocation des pistes pour améliorer le maintien en emploi ou le reclassement, les intervenants feront notamment le point sur l’application récente des cellules de prévention de la désinsertion professionnelle, prévues par la loi sur la Santé au travail de 2021. Un sujet cher à FO pour accompagner les personnes déclarées inaptes.
Les échos - 14 novembre 2022
Handicapés : le plein-emploi en ligne de mire
La semaine européenne de l'emploi des handicapés s'ouvre ce lundi dans un contexte favorable.
A quand le plein-emploi pour les personnes handicapées ? L'évolution des chiffres depuis trois ans montre que cette perspective- thème de l'édition 2002 de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées qui démarre ce lundi - n'est pas si éloignée que cela. Fin juin, on comptait 460.000 inscrits à Pôle emploi, 50.000 de moins en trois ans. Le taux de chômage ? Passé de 19 % en 2017 à 13 % aujourd'hui. C'est encore un peu moins du double que celui de la population générale, mais l'amélioration est notable.
« Les efforts de sensibilisation des entrepreneurs payent. La mobilisation des dispositifs mis en oeuvre par le gouvernement nous aide, comme l'emploi accompagné. C'est aussi une période qui est riche en emplois, et qui est favorable à recruter tous les publics », assure la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, dans un entretien aux « Echos ».
Perçus jusque-là sous le seul angle de leurs incapacités, les handicapés bénéficient du changement de regard des employeurs qui « découvrent avant tout leurs compétences ». Selon un récent sondage Ifop pour l'Agefiph, l'association chargée de soutenir l'emploi des handicapés dans le secteur privé, les deux tiers des recruteurs interrogés affirment que les difficultés de recrutement pourraient les inciter à recruter des profils différents.
Quotas nécessaires
Dans ce contexte, l'objectif de 10 % de taux de chômage est-il envisageable ? « Ce serait un très bel objectif. Il faut rester réaliste, avancer par paliers. Il faut aussi faciliter le recrutement dans le milieu ordinaire », avance, prudemment, Geneviève Darrieussecq, convaincue qu'il faut maintenir l'obligation d'emploi des handicapés, l'OETH. Pour rappel, l'OETH impose aux entreprises de 20 salariés ou plus d'employer au moins 6 % de handicapés (on en est à 3,5 % en 2021, selon la Dares, 4,5 % après majoration des plus de 50 ans). « Il faut continuer. C'est un objectif qu'on ne peut pas lâcher. Comme pour la parité dans la vie politique, sans quota cela n'avance pas », plaide-t-elle.
Si le quinquennat précédent a été marqué par une réforme des entreprises adaptées, la mise en place des CDD tremplins et un fort soutien durant la crise Covid, celui qui s'ouvre s'annonce dans la continuité. « Beaucoup de choses sont en place, il faut les évaluer et soutenir les dispositifs qui fonctionnent bien, à l'image de l'emploi accompagné. Il faut donner un élan supplémentaire comme avec les entreprises adaptées de travail temporaire », justifie Geneviève Darrieussecq.
A tout cela s'ajoutera un effort accru sur la formation ou pour faciliter les passages vers toutes les structures en charge de l'emploi. Avec, en toile de fond, le projet France travail qui doit renforcer le diagnostic et l'accompagnement des personnes éloignées de l'emploi. En attendant, les intéressés restent sceptiques. Le même sondage Ifop/Agefiph montre que moins d'un handicapé sur cinq croit au plein-emploi d'ici à 2027. Et de plaider pour le renforcement des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas l'OETH, la simplification tous azimuts des aides et services, ou encore l'amélioration de la qualité de vie au travail.
Liaisons sociales - 15 novembre 2022
Emploi des personnes handicapées : une embellie, mais un public encore fragile
En trois ans, le taux de chômage des personnes handicapées est passé de 19 % à 14 %.
Cette tendance « ouvre de formidables perspectives pour se donner l’objectif du plein-emploi », notent les organisateurs de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (Seeph), organisée à partir du 14 novembre.
Les actuelles tensions sur le marché du travail « sont réellement susceptibles d’inciter les entreprises à embaucher » des chômeurs porteurs de handicap, veut croire Christophe Roth, le président de l’Agefiph. Mais les difficultés demeurent : le taux de chômage des personnes handicapées a certes baissé, mais est encore presque deux fois plus élevé que dans la population générale.
Les principaux concernés ne sont pas forcément optimistes : seules 24 % des personnes handicapées croient à la possibilité du plein-emploi (contre 35 % du grand public), selon un récent sondage Ifop pour l’Agefiph. Et 64 % de ceux qui ont un travail ont peur de le perdre. L’objectif du plein-emploi est un « très beau slogan », mais « en raison de la gravité de certains handicaps, toutes les personnes handicapées ne sont pas en mesure d’exercer leur participation sociale par une activité professionnelle », note Bruno Pollez, le président de l’association Ladapt, qui co-organise la Seeph.
Pour l’association APF France Handicap, les efforts des pouvoirs publics devraient cibler les « chômeurs découragés » qui estiment n’avoir « quasiment aucune chance » de décrocher un poste. Pour les aider, « les parcours demeurent trop cloisonnés entre acteurs de la lutte contre l’exclusion et ceux du champ du handicap », déplore APF, qui note que 59 % des chômeurs handicapés le sont depuis plus d’un an, contre 48 % dans la population générale.
Pour le ministre du Travail, Olivier Dussopt, « plus le plein-emploi sera à portée de main, plus celles et ceux qu’on aura à accompagner seront des hommes et des femmes cabossés par la vie ». En conséquence, « l’effort que nous devons faire pour accompagner sera plus dense, parfois plus coûteux », a-t-il souligné lors d’une récente conférence organisée par l’Agefiph.
Liaisons sociales - 16 novembre 2022
Ouverture de la SEEPH sur le thème du plein-emploi des personnes en situation de handicap
La Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) s’est ouverte le 14 novembre dernier.
« À quand le plein-emploi pour les personnes en situation de handicap ? » est le thème choisi pour cette 26e édition.
Elle est l’occasion, selon le dossier de presse du gouvernement, « de sensibiliser les employeurs à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap ». Il y est rappelé que l’objectif de plein-emploi est une priorité de la politique menée par l’exécutif et concerne l’ensemble des actifs. Trois leviers sont envisagés pour y parvenir, avec une volonté affichée de concentrer les efforts sur les TPE-PME : la formation, la simplification des démarches pour les employeurs et les demandeurs d’emploi ainsi que l’évolution du regard de la société et des employeurs sur le handicap. Le gouvernement se montre optimiste : « le taux de chômage des personnes en situation de handicap atteint 13 % à la fin du premier trimestre 2022, contre 19 % en 2017 », relève le dossier de presse. Il ajoute que 460 000 personnes en situation de handicap étaient inscrites à Pôle emploi en juin 2022, contre 515 530 avant décembre 2018.
Liaisons sociales - 18 novembre 2022
Les offres d’emploi mentionnant le handicap ont progressé de 50 % en trois ans, selon The Adecco Group « Les offres d’emploi faisant référence au sujet du handicap progressent de 50 % en trois ans, passant de 12 % en 2019 à 18 % en 2022 », a constaté The Adecco Group dans un communiqué de presse du 15 novembre, s’appuyant sur une première étude sur le sujet menée dans le cadre de la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées (Seeph). L’étude a été conduite « sur près de 35 millions d’offres d’emploi publiées en France depuis 2019 par les sites institutionnels, jobboards, sites d’annonces non spécialisés, réseaux sociaux mais aussi les intermédiaires du marché de l’emploi et les entreprises ».
Les résultats témoignent ainsi « d’une accélération de la diffusion des offres “handi-accueillantes” », mais « soulignent aussi que le chemin est encore long pour faire évoluer les politiques et pratiques de recrutement en faveur des personnes en situation de handicap ».
L'inFO militante - 23 novembre 2022
Travail et handicap : une journée FO pour en parler
FO a organisé le 17 novembre sa journée nationale Travail et Handicap. Au programme notamment, les retraites et l’inaptitude.
Bonne nouvelle, le nombre de demandeurs d’emploi handicapés n’a pas crû avec la crise et le taux de chômage de ces actifs baisse plus rapidement que le taux général. Pour autant, il est à 13 %, soit le double du taux national, et le chômage de longue durée concerne 60 % de ces travailleurs. Une situation mitigée, qui explique que pour le secrétaire général de FO « le handicap est une cause que FO va continuer à chercher à faire avancer ».
Sur les 14 millions de retraites payées au 31 décembre 2021, 6 % sont versées au titre de l’invalidité et 9 % au titre de l’inaptitude. Quant aux près de 2 millions de retraites anticipées, 63 943 concernent des assurés en situation de handicap ou en incapacité permanente.
Si différents leviers existent pour améliorer les situations individuelles (prise en compte de trimestres non cotisés pour compléter une carrière, départ anticipé, acquisition du taux plein dès l’âge légal…), Anne Baltazar, conseillère confédérale chargée du handicap, a rappelé que « les dispositifs actuels et les conditions d’accès à la retraite anticipée sont très insuffisants ».
La prévention, essentielle
Côté santé au travail, Éric Gautron, secrétaire confédéral chargé de la protection sociale, est revenu sur la loi du 2 août 2021 transposant l’ANI voté par FO. De belles avancées, sur le papier, qui attendent d’être concrétisées. Il s’est félicité que le paritarisme ait pu être préservé dans cette branche. « Il semble que l’on soit en train de prendre le virage de la prévention », a-t-il poursuivi. La loi instaure entre autres une visite médicale de mi-carrière. Il est en effet temps de s’engager dans la prévention, car le nombre de situations d’inaptitude inquiète : 93 900 déclarations par an en France.
Régis Badel, secrétaire général du Syndicat national FO des médecins du travail, s’inquiète par ailleurs du manque de respect des avis du médecin du travail par les employeurs. Il alerte aussi quant à la carence en médecins inspecteurs régionaux du travail. « Aucun des huit postes de ma région n’est pourvu. Or ces médecins sont aussi les experts vers lesquels se tournent les prud’hommes lorsqu’un licenciement est contesté. »
Les Duodays à la confédération
FO a accueilli trois personnes en situation de handicap dans le cadre des Duodays.
Héliette, 58 ans, en cours de reconversion, était au secteur international. Maria Flores, secrétaire, qui l’a accueillie, explique : « Je suis moi-même reconnue travailleuse handicapée. Je peux donc montrer qu’il est possible de travailler en secteur ordinaire avec un handicap. »
Sabrina, 28 ans, informaticienne en ESAT, était au secteur de la négociation collective. « Cette journée va me permettre de confirmer mon projet de travailler en secrétariat », note-t-elle.
Quant à Alex, 30 ans, en recherche d’emploi, il était aux côtés de Frédéric Souillot, qu’il a, entre autres, accompagné à une AG dans les Ardennes. « Découvrir la démocratie syndicale au niveau local est très intéressant, observe-t-il. Un syndicat ce n’est pas que la négociation avec le gouvernement. »
Le secrétaire général a annoncé que FO envisage de recruter ce jeune docteur en sciences politiques, qui estime qu’un syndicat doit aussi « aider à faire cesser les stéréotypes conduisant à penser le travailleur handicapé comme un poids. »
Dernière mise à jour : 25 novembre 2022