Revue de presse Juin 2025

Liaisons sociales 13 juin 2025

La journée de solidarité devrait rapporter près de 3,5 milliards d’euros en 2025

La journée de solidarité, créée en 2004 pour financer une meilleure prise en charge des personnes âgées ou handicapées, devrait rapporter 3,48 milliards d’euros en 2025, a indiqué la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), dans un communiqué du 3 juin. Ce qui représente 8 % des ressources de la branche autonomie, dont le budget total de 42 milliards est financé à près de 88,8 % par la CSG (contribution sociale généralisée). Ce sont chaque année plus de 2,5 millions de personnes âgées et en situation de handicap qui bénéficient d’aides telles que l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) (+ 4 % en un an) et la prestation de compensation du handicap (PCH). « La proposition d’une seconde journée de solidarité », dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, « témoigne de la prise de conscience autour des enjeux du financement de l’autonomie » et « a ouvert la voie à des réflexions sur la diversification des ressources et l’adaptation du modèle aux défis futurs », se félicite la CNSA.

Liaisons sociales 17 juin 2025

Le handicap des jeunes joue très défavorablement sur leur mobilité sociale, démontre France Stratégie 

Les jeunes en situation de handicap s’insèrent moins bien sur le marché du travail et accèdent moins souvent à des positions sociales élevées, constate France Stratégie dans une note publiée le 22 mai. Et ces difficultés se retrouvent quelle que soit l’origine sociale. Ainsi, si les jeunes handicapés issus d’un milieu favorisé réussissent scolairement et professionnellement mieux que ceux d’origine défavorisée, ils bénéficient moins des effets positifs habituellement caractéristiques de leur niveau social.

Dans son édito joint à une note de France Stratégie du 22 mai sur la mobilité sociale des jeunes en situation de handicap, le Haut-commissaire au Plan, Clément Beaune, souligne qu’« une politique inclusive [est] plus nécessaire que jamais ». Car encore aujourd’hui, ces jeunes ont « un accès extrêmement difficile aux professions et positions sociales les plus élevées, et à l’emploi tout court ». Le handicap est ainsi plus pénalisant que l’origine sociale dans l’accès au diplôme et à l’emploi et à l’inverse, en cas de handicap, venir d’un milieu favorisé protège moins contre l’échec scolaire et l’exclusion du marché du travail. Des constats sombres que les auteurs de la note tentent toutefois de tempérer. « Des dispositifs visant à améliorer l’accès à la formation des personnes en situation de handicap ont été récemment mis en place », notamment « la systématisation d’un référent handicap dans les centres de formation des apprentis ou apprentis adultes pour favoriser les évolutions de carrière ». Reste à vérifier s’ils corrigent réellement la situation.

Un risque marqué d’exclusion du monde du travail

Les chiffres sont sans appel : au moment de l’enquête, seuls 48 % des jeunes souffrant de handicap travaillaient, contre plus des trois quarts (78 %) des autres jeunes. Plus largement, à âge, sexe et année d’enquête identiques, le risque de n’avoir jamais travaillé est 3,8 fois
plus élevé chez les premiers que chez les seconds (21 %, contre 6 %). 
Face à ce fort risque d’exclusion du marché du travail, une origine sociale favorisée protège peu, ajoute la note. Certes, les jeunes handicapés favorisés sont moins nombreux que leurs pairs défavorisés à n’avoir jamais travaillé (17,5 %, contre 25,5 %). Néanmoins, « c’est pour eux que le handicap est le plus pénalisant » puisqu’ils ont 4,9 fois plus de probabilités que les autres jeunes favorisés de n’avoir jamais intégré le marché du travail, alors que pour les jeunes défavorisés, l’écart de risque n’est que de 3,35. France Stratégie en conclut que « finalement, un jeune défavorisé sans handicap a plus de chances de travailler qu’un jeune favorisé présentant un handicap ».

De moindres chances d’ascension sociale

Les jeunes en situation de handicap ont également davantage de difficulté à accéder au haut de l’échelle sociale. En effet, cinq à dix ans après leur sortie d’études, seuls 20 % ont atteint le statut de cadre, contre 42 % des autres jeunes. A contrario, ils sont un peu plus souvent ouvriers (24 %, contre 21 %). Selon les auteurs de la note, « ce désavantage lié au handicap est de même ampleur quelle que soit l’origine sociale » : qu’ils soient issus d’un milieu modeste ou favorisé, les jeunes « valides » ont une probabilité d’atteindre les catégories sociales élevées 1,7 fois plus forte que les jeunes présentant un handicap.
En plus de connaître une moindre ascension sociale, ces derniers sont davantage sujets au déclassement. Ainsi, si chez les jeunes d’origine défavorisée, la probabilité d’être ouvrier est identique pour tous, handicap ou non (30 %), dans les familles favorisées, elle est plus importante en cas de handicap (35 %).

Des diplômes de niveau plus faible et pas toujours reconnus

D’où viennent le peu d’ascension sociale et la forte exclusion du marché du travail des jeunes handicapés ? Pour France Stratégie, principalement du niveau de diplôme. D’un côté, être diplômé du supérieur est encore plus déterminant pour eux car cela leur donne 16 fois plus de chances d’occuper un emploi de cadre (contre huit fois plus pour les autres jeunes). Mais de l’autre, ils ont nettement moins de probabilité d’y arriver. Les jeunes favorisés sans handicap sont 1,6 fois plus souvent diplômés du supérieur que ceux avec un handicap (1,9 fois pour les jeunes défavorisés) et parallèlement, le handicap multiplie le risque de sortir du système éducatif sans diplôme par 3,7 pour un jeune favorisé et par 2,1 pour un jeune défavorisé. Tout ne se justifie cependant pas par les diplômes : même titulaires d’un diplôme du supérieur qui favorise habituellement l’ascension sociale, les jeunes handicapés sont à peine plus de 55 % à devenir cadres, contre 73 % des autres jeunes. Pareillement, quel que soit le niveau de diplôme, leur probabilité de n’avoir jamais travaillé est nettement plus forte. Renoncement, autocensure, choix de filières peu favorables à l’insertion professionnelle, « les capacités de certains jeunes en situation de handicap se trouvent insuffisamment développées, l’investissement scolaire consenti est mal rentabilisé ».

Des freins persistants à l’évolution professionnelle

Au-delà des jeunes, « tout au long de leur carrière professionnelle, la mobilité sociale des personnes handicapées restera freinée par des facteurs directement liés à leur handicap ». Leur évolution professionnelle est « un phénomène qui est souvent oublié » par les entreprises, pointe France Stratégie, et les méthodes d’évaluation pratiquées peuvent être défavorables à certains troubles. De fait, les travailleurs handicapés se heurtent souvent à un plafond de verre, voire se posent eux-mêmes des barrières en anticipant des difficultés pour effectuer des tâches de l’échelon supérieur ou en craignant des conditions moins favorables dans un nouveau poste. Des contraintes d’accessibilité peuvent enfin aussi les exclure de certains emplois. En raison de tous ces freins, « les entreprises sont privées − et se privent − de compétences qui auraient pu être utilement déployées. Au-delà de l’inefficience économique qui en résulte, c’est un devoir de la société de fournir les mêmes chances à tous les jeunes, qu’ils présentent ou non un handicap, de réaliser leurs ambitions et de préserver leurs opportunités de mobilité sociale », résument les auteurs.

Source : France Stratégie, note d'analyse n° 153 : Jeunes en situation de handicap : une mobilité sociale entravée, 22 mai 2025

Dernière mise à jour : 17 juin 2025